Guide Complet : Isolation Phonique d’un Mur Mitoyen
Date de publication : vendredi 28 juin 2024
Quand le bruit des voisins vous rend fou, il est temps de penser à une isolation phonique du mur mitoyen. Des techniques simples d’isolation d’un mur mitoyen permettent de réduire la perception des bruits de voisinage. Voici un guide complet sur l’isolation phonique mur mitoyen : choix de l’isolant et des techniques, coût, aides financières et tout ce qu’il faut savoir sur les problématiques acoustiques.
Techniques et Matériaux d’Isolation Phonique
La technique la plus simple, qui peut être réalisée soi-même et à peu de frais, consiste à recouvrir le mur mitoyen d’une couche de peinture anti-bruit sous les couches de peinture décorative. Cette solution ne permet pas de réduire sensiblement les bruits voisins et se montre sans doute la moins efficace en termes d’isolation contre les bruits sourds.
Son principal avantage : elle ne réduit pas l’espace de vie.
Deux autres techniques permettent une isolation phonique mur mitoyen plus efficace : le doublage collé et la contre-cloison isolée.
La première consiste à poser sur le mur mitoyen des panneaux d’isolant phonique. Sans être inefficace, elle nécessite une bonne épaisseur d’isolant. Cette solution est également limitée dans la mesure où elle ne traite pas les ponts phoniques.
Son principal avantage : elle est facile à poser, sans trop réduire l’espace de vie.
La seconde permet une isolation phonique totale du mur mitoyen. Là où le doublage collé laisse passer la moitié des décibels, la contre-cloison collée n’en laisse plus passer que 5 à 30 %. L’opération se déroule en plusieurs étapes :
- fixer une ossature bois ou métallique à 1 ou 2 cm du mur mitoyen,
- la combler par une bonne épaisseur de matériau isolant (au moins 45 cm),
- refermer par un placoplâtre BA 13 (13 cm d’épaisseur).
Son principal avantage : c’est la plus efficace, d’autant qu’elle peut servir aussi d’isolation thermique. A noter : elle réduit sensiblement l’espace de vie.
Comme pour une isolation thermique, le panel de matériaux isolants est large.
Le liège est l’isolant à privilégier avec la technique des panneaux collés, quand il s’agit de réduire les bruits d’impact. Ce matériau naturel est réputé pour ses performances phoniques, avec une absorption de l’ordre de 30 décibels pour 30 mm d’épaisseur. Dans une pièce dédiée à la musique ou au cinéma, la pose de panneaux de liège de 10 cm d’épaisseur atténue aussi bien les bruits aériens que les bruits d’impact.
Les isolants souples et les mousses sont les plus adaptés dans la technique de la contre-cloison. La laine de verre, les laines animales ou végétales et les ouates de cellulose et de polyester se montrent les plus efficaces.
Les nouveaux isolants se montrent également très efficaces en matière acoustique : aérogels et panneaux isolants sous vide.
Il existe également des panneaux spécifiques pour l’isolation acoustique. Ainsi, les panneaux Pan-Terre, composés de lin et de cellulose et d’une plaque de finition, constituent une alternative intéressante dans la technique de doublage d’un mur mitoyen.
Coût et Aides Financières
L’ADEME estime le coût isolation phonique moyen à 55 euros le mètre carré. Il varie selon la technique et l’isolant utilisés :
- 20 à 25 euros pour une peinture anti-bruit,
- 35 à 90 euros pour un doublage collé,
- 20 à 110 euros pour une contre-cloison.
Aucune aide n’existe pour isoler un mur mitoyen et lutter ainsi contre les bruits de voisinage. L’esprit de la loi consiste à responsabiliser chacun pour ne pas nuire à ses voisins. Par exemple, si vous êtes à proximité d’une boîte de nuit, vous ne bénéficiez d’aucune aide pour isoler votre logement, mais le gérant de la boîte de nuit doit tout faire pour que vous ne soyez pas impacté par le bruit généré par son activité.
Les aides financières isolation thermique et rénovation énergétique (MaPrimeRénov’, éco-prêt à taux zéro, TVA à 5,5 %, Prime Eco Energie) ne s’appliquent pas à l’isolation phonique d’un mur mitoyen.
Problématiques Acoustiques des Murs Mitoyens
Selon une enquête de mai 2024*, 46 % déclarent avoir déjà subi des nuisances sonores du voisinage. Le Code de la Santé publique définit ainsi les bruits de voisinage : « bruit particulier » qui « par sa durée, sa répétition ou son intensité, porte atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme ».
Les bruits de voisinage, également appelés « bruits de comportement », ont un impact non négligeable sur la santé :
- audition : à plus de 130 décibels, les cellules ciliées de l’oreille interne sont détruites ;
- sommeil : à plus de 85 décibels, les bruits perturbent le rythme circadien ;
- impact, à long terme, du stress généré par le bruit sur la santé mentale.
Les problématiques acoustiques des murs mitoyens résident dans plusieurs types de bruits courants :
- bruits aériens : musique trop forte, aboiements, disputes,
- d’impact : coups de marteau dans le mur mitoyen, travaux bruyants,
- équipements : VMC, canalisations, machine à laver.
La compréhension du type de bruits est primordiale pour choisir le bon isolant. L’isolation phonique doit en effet aboutir à augmenter l’indice d’affaiblissement acoustique rw, qui évalue la performance phonique du mur mitoyen contre les bruits aériens, et à améliorer l’efficacité de la paroi contre les bruits sourds.
Amélioration du Confort Acoustique
Une bonne isolation phonique améliore le confort acoustique du logement en réduisant les bruits extérieurs. Elle aide à retrouver le calme et la sérénité indispensables pour vous détendre et bien dormir.
Lorsque les bruits de vos voisins ont nécessité isolation phonique, celle-ci contribue à retrouver des relations de voisinage saines et à éviter les conflits liés aux nuisances sonores.
Les mauvaises relations de voisinage, autant que les nuisances sonores générées par les voisins, créent un stress permanent que l’isolation phonique des murs mitoyens permet de supprimer.
Choix d’un Professionnel Qualifié
La réalisation d’une isolation phonique passe par le choix d’un professionnel qualifié isolation phonique. Deux professions sont nécessaires : l’acousticien et le plaquiste.
L’acousticien réalise un diagnostic indispensable pour déterminer la solution la plus efficace. Le Centre d’information sur le bruit (CidB) fournit une liste d’acousticiens habilités à produire ce type de diagnostic.
Le professionnel chargé d’appliquer la solution phonique doit disposer d’une qualification adaptée : Plaques de plâtre ou, idéalement, isolation et traitement acoustique.
La labellisation RGE (reconnu garant de l’environnement) constitue une garantie supplémentaire en termes de certifications et références.
Isolation Phonique et Thermique
Certains isolants sont plus adaptés à l’isolation thermique tandis que d’autres se comportent mieux en isolation phonique. Il reste cependant possible de trouver une synergie entre isolation phonique et thermique. C’est d’ailleurs ce que prévoit la réglementation environnementale 2020 (RE 2020), en imposant, dans la construction neuve, un niveau de performance tant thermique que phonique.
Si l’isolation phonique de mur mitoyen n’est éligible à aucune aide, l’isolation thermique, au contraire, est largement aidée par l’État pour favoriser l’amélioration de la performance énergétique des logements. Quelques matériaux isolants sont d’excellents isolants thermiques et phoniques, à l’instar de la ouate de cellulose ou de la fibre de bois.
Il ne faut pas occulter l’influence de l’isolation phonique sur la valeur immobilière du logement, au même titre que l’isolation thermique. Les experts immobiliers estiment le gain dans une fourchette de 5 à 10 % et considèrent par ailleurs l’isolation comme un accélérateur de vente.
Réglementations en Isolation Phonique
Les premières réglementations d’isolation phonique remontent à la fin des années 60. Avec la RE 2020, basée sur la NRA (nouvelle réglementation acoustique) de 1999, les constructeurs ont désormais des obligations de résultat du point de vue acoustique tout autant qu’énergétique. Les logements neufs doivent respecter des exigences minimales : variables de 30 à 46 décibels selon le niveau sonore environnant.
S’agissant des logements existants, il n’existe pas de réglementations d’isolation phonique dans les logements édifiés avant 1970. Pour les logements édifiés entre 1970 et 1996, le logement doit respecter les mesures édictées en 1969, ceux édifiés depuis devant respecter la NRA. En cas de bruits de voisinage, les propriétaires ne sont pas tenus de réaliser des travaux d’isolation phonique, aucun critère de décence n’étant fixé sur ce point. Cependant, depuis 2017, la loi impose aux propriétaires de réaliser des travaux d’isolation acoustique en cas de travaux de rénovation importants.
Les locataires subissant des nuisances sonores de la part de leurs voisins ne peuvent pas forcer leur propriétaire à réaliser des travaux d’insonorisation. En copropriété, cependant, la responsabilité du propriétaire peut être mise en œuvre dans le cas où une mauvaise isolation du logement entraînerait de la gêne pour les voisins.
Signes d’une Isolation Phonique Défaillante
L’identification des signes révélateurs d’une mauvaise isolation phonique n’est pas chose facile. Autant, il existe des signes physiques d’une mauvaise isolation thermique, autant, en dehors de votre ressenti, seule une étude acoustique permet d’établir les défaillances de l’isolation acoustique.
Avant de procéder à l’isolation phonique du mur mitoyen, faites intervenir un professionnel de l’acoustique. L’acousticien analyse les paramètres : niveau de bruit perçu, type de bruit, cheminement du bruit, niveau d’affaiblissement attendu. Tous ces éléments déterminent le type et le niveau d’isolation phonique à effectuer.
Intégration dans la Rénovation Énergétique
Dans le cadre d’une rénovation énergétique globale, la réglementation impose la prise en compte de l’isolation phonique en même temps que l’isolation thermique. Il suffit pour cela d’opter pour un isolant performant dans ces deux points, comme la ouate de cellulose ou la fibre de bois garantit une synergie optimale.
Ce type d’isolant thermique et phonique permet de bénéficier des aides à la rénovation énergétique pour l’ensemble des travaux. Il assure le traitement spécifique des nuisances sonores et un confort thermique et acoustique amélioré.
* Enquête FLASHS pour Depanneo.com du 15 au 19 avril 2024 par questionnaire auto-administré auprès d’un panel Selvitys de 7 600 personnes âgées de 18 ans et plus, représentatif de la population française. - https://flashs.fr/posts/les-francai...